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Le clitoris a longtemps été déformé et mal compris. Et même de nos jours, il continue à présenter des énigmes que la science n’a pas encore réussi à résoudre.
Toutes les femelles mammifères – et quelques femelles reptiles – ont un clitoris (ou deux, comme c’est le cas avec les serpents). Cependant, il n’est pas clair s’il joue un rôle dans l’orgasme.
Par contre, chez les humains, le clitoris a été fermement lié au plaisir sexuel féminin. La question de savoir s’il joue un autre rôle reste encore un sujet de débat!
Presque la moitié de la population mondiale est née avec un clitoris. Pourtant on ne parle pas beaucoup de cet organe sexuel. Et jusqu’à tout récemment, la grande partie des informations que nous avons pu trouver à ce sujet étaient incorrectes ou fausses.
Alors, que faut-il savoir sur cet organe insaisissable, et pourquoi avons-nous encore du mal à le comprendre? Continuez à lire pour le découvrir.
La nature du clitoris peut être déduite de son nom. En effet, “Clitoris” vient du mot grec ancien “kleitoris” [1] (du grec κλειτορίς, kleitorís, dérivé de κλειτύς, kleitús [2]), qui signifie “petite colline”.
Le mot kleitoris peut aussi être lié au mot “kleis”, qui signifie “clé”.
Bien que cet organe puisse être la clé qui libère le plaisir sexuel féminin, ce n’est pas seulement une “petite colline”, comme on le croyait depuis longtemps.
En fait, la petite colline (protégée par un une cape clitoridienne qui se trouve au-dessus de l’ouverture de l’urètre) n’est que la pointe visible de l’organe. En effet, il est beaucoup plus gros que ça en a l’air.
Cette pointe, appelée glande clitoridienne, est la partie visible de cet organe génital.
Or, l’organe en entier s’étend beaucoup plus loin que cette glande, et cette notion n’a été initialement rendue publique que depuis quelques années seulement par la chercheuse Helen O’Connell [3].
“La paroi vaginale est, en fait, le clitoris. Si vous soulevez la peau du vagin sur les parois latérales, vous verrez les bulbes du clitoris – masses triangulaires, croissantes de tissu érectile”, a expliqué le Dr O’Connell dans un interview avec la BBC en 2006. [4]
Le clitoris a trois composantes principales :
Dans son ensemble, le clitoris peut atteindre jusqu’à 7 centimètres de longueur, voire plus. Et le gland constitue de 4 à 7 millimètres environ du tout.
Le gland est également la partie la plus riche en terminaisons nerveuses. C’est lui donc qui procure le plus de sensations à la femme.
Nous avons emprunté ce titre à l’éducatrice sexuelle et chercheuse Emily Nagoski. Elle appelle l’organe génital féminin la “Grande gare centrale de la sensation érotique” dans son livre Come As You Are.
En raison de son haut niveau de sensibilité, le clitoris est généralement l’acteur principal quand il s’agit de l’orgasme féminin.
La culture populaire et l’industrie pornographique tendent souvent à dépeindre l’orgasme féminin. En effet, elles prétendent que l’on peut habituellement l’atteindre par la seule pénétration. Mais la science a révélé une version complètement différente.
D’après plusieurs chercheurs, la plupart des femmes ne peuvent atteindre l’orgasme que si le clitoris – ou, plus précisément, le gland du clitoris – est également stimulé [7].
En fait, des études récentes suggèrent que les femmes éprouvent différents types d’orgasme parfois communs, et parfois plus controversés.
L’orgasme vaginal dû ou l’orgasme vaginal par stimulation du point G, peuvent en fait résulter d’une stimulation clitoridienne involontaire.
Le clitoris est aussi perçu comme un pénis féminin.
Cette ressemblance s’explique en grande partie par un phénomène dit d’homologie biologique. En d’autres termes, les fœtus naissent tous, comme le dit Emily Nagoski, avec les mêmes parties et organes. Mais ces organes sont répartis différemment.
C’est aussi la raison qui explique pourquoi les hommes ont des mamelons. Pourtant ils ne peuvent ni allaiter ni produire du lait!
Un homme naît toujours avec mamelons. Ces derniers sont – comme presque toutes les autres parties du corps – préprogrammés dans les premiers stades du développement embryonnaire.
En d’autres termes, physiologiquement parlons, les hommes et les femmes se reflètent réellement dans une très large mesure. Et c’est ainsi que le clitoris se développe d’une façon homologue au pénis.
Nagoski explique comment cela se produit au tout début du développement dans l’utérus.
Environ 6 semaines après l’implantation d’ovules fécondés dans l’utérus, il y a un lavage d’hormones masculinisantes.
Le blastocyste mâle (un groupe de cellules qui formeront l’embryon) réagit à cela en développant son matériel génital universel “préfabriqué” dans la configuration masculine du pénis, des testicules et du scrotum. Le blastocyste femelle ne répond pas à [ce] […] et développe plutôt son matériel génital universel préfabriqué dans la configuration femelle par défaut du clitoris, des ovaires et des lèvres. Emily Nagoski
Le pénis et le clitoris sont homologues. Cependant, le pénis joue plusieurs rôles – érotique, reproductif et excréteur. Le clitoris quant à lui, n’effectue qu’un seul travail : celui de créer une sensation érotique qui peut mener à l’orgasme. Pourquoi en est-il ainsi?
Selon Nagoski, l’orgasme féminin est un “sous-produit” de l’homologie biologique, et il devrait donc être célébré comme un bonus fantastique.
“L’éjaculation masculine est étroitement liée avec l’orgasme, et cette liaison est cruciale pour la reproduction“, explique-t-elle. “Par conséquent, l’orgasme a été également intégré dans le matériel sexuel féminin.”
Mais certains chercheurs pensent que l’orgasme féminin n’est pas un simple “bonus”.
Au lieu de cela, ils pensent que, de même que l’orgasme masculin – qui coïncide avec la libération du sperme, l’orgasme féminin peut aussi jouer un rôle dans la reproduction en stimulant la libération des ovules.
Parmi ces chercheurs, les auteurs d’un article publié en 2016 dans la revue JEZ-B Molecular and Developmental Evolution ont constaté que, immédiatement après l’orgasme, les femmes subissent une poussée hormonale [8].
Selon d’autres scientifiques, les substances ainsi libérées dans le corps ne sont pas différentes de celles libérées pendant les rapports sexuels des autres mammifères femelles – indépendamment de l’orgasme, et qui servent à stimuler la libération d’œufs prêts à être fécondés.
Chez les humains, l’ovulation est un événement spontané et indépendant des rapports sexuels.
Mais les auteurs de l’étude susmentionnée ont émis une hypothèse. Ils prétendent qu’à un certain moment de l’évolution de notre espèce, nous aurions pu fonctionner comme les autres mammifères. Autrement dit, l’orgasme féminin servait aussi à stimuler la libération d’ovules.
A l’ère où nous sommes, l’orgasme a persisté comme un agréable héritage de l’évolution. Il n’est plus obligatoirement associé à la reproduction.
Mais pourquoi a-t-il fallu si longtemps aux scientifiques pour commencer à s’intéresser davantage au clitoris, et pourquoi la première représentation précise de cet organe n’a été faite qu’en 2009? [9]
Dans un article publié dans la revue Sex Roles en 2000 [10], les chercheurs Shirley Mattel Ogletree et Harvey J. Ginsburg ont écrit que le clitoris a été volontairement gardé dans le secret.
Personne n’osait en parler, et selon eux, ce problème commence au niveau du foyer.
Ces chercheurs disent : “[…] parce que la seule fonction du clitoris est le plaisir sexuel, les parents n’ont aucune […] raison de discuter du clitoris.”!
Durant leur enquête, ils ont trouvé un fait plus choquant : “Même les experts qui conseillent les parents, utilisent des termes autres que le clitoris” quand ils parlent des organes génitaux féminins.”
Dans une culture qui a mis l’accent sur l’importance de la reproduction au détriment de la jouissance, le clitoris a été sciemment ignoré.
Le public ainsi que les professionnels de la santé se sentent gênés d’en discuter et d’y prêter l’attention qu’il mérite.
Pourtant, l’absence d’une discussion ouverte sur les organes génitaux féminins et le plaisir féminin peut affecter négativement la façon dont les femmes considèrent leur santé sexuelle. Cela peut même avoir un impact sur leur vie sexuelle.
“Mettre en valeur le clitoris peut aider les femmes à découvrir activement leur propre plaisir sexuel et à être plus indépendantes dans les choix sexuels qu’elles font“, concluent Ogletree et Ginsburg.
Messieurs, vous savez ce qu’il vous reste à faire : Accordez de l’importance au clitoris de madame est une priorité!