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Les normes imposées par notre société et par les médias influencent fortement la manière dont nous considérons l’orgasme féminin. Mais les recherches montrent que les préférences sexuelles des femmes et leurs expériences de l’orgasme varient considérablement.
L’orgasme féminin est souvent décrit comme le centre de la satisfaction sexuelle d’une femme et le but ultime du sexe.
Mais beaucoup de femmes n’éprouvent pas d’orgasme pendant les rapports sexuels avant leurs 20 ou même 30 ans. Et le nombre de femmes qui disent qu’elles jouissent à chaque rapport ou presque est en baisse.
L’écart entre la réalité et l’image façonnée par les médias du sexe en général et de l’orgasme féminin en particulier fait beaucoup de mal aux femmes.
Il est clair que ces dernières ne se retrouvent pas dans cette description médiatisée. Pire, cela pousse les hommes à fausser de route et passer à côté du bonheur sexuel de leur partenaire.
Dans un récent sondage, 53% des hommes et 25% des femmes aux États-Unis ont déclaré avoir regardé de la pornographie au cours de la dernière année [1].
Léa J. Séguin – du département de sexologie de l’Université du Québec à Montréal au Canada – a examiné comment les orgasmes féminins sont représentés dans la pornographie conventionnelle [2].
Dans les 50 vidéos populaires incluses dans l’étude, seulement 18,3% des femmes ont atteint l’orgasme. Et la stimulation du clitoris ou de la vulve ne figurait que dans 25% d’entre elles.
Elle a conclu que la façon dont l’orgasme féminin est représenté dans la pornographie ne correspond absolument pas aux résultats de la recherche scientifique.
Séguin a écrit que :
La pornographie traditionnelle favorise et perpétue de nombreuses attentes irréalistes concernant l’orgasme des femmes.
Loin de cette stigmatisation des attentes sociales et loin du monde imaginaire de la pornographie, que nous apprend la recherche scientifique sur l’orgasme féminin?
Quel rôle joue le clitoris et, surtout, que veulent les femmes pour atteindre la satisfaction sexuelle?
Une étude [3] du professeur Osmo Kontula, de l’Institut de recherche démographique de la Fédération finlandaise de la famille à Helsinki, a interrogé plus de 8 000 femmes finlandaises sur leurs expériences sexuelles.
La plupart des femmes de moins de 35 ans ayant participé à l’étude avaient connu leur premier orgasme par la masturbation.
Pour environ un quart d’entre elles, cela s’est produit avant l’âge de 13 ans. Et pour un dixième, avant l’âge de 10 ans.
Mais l’âge moyen du premier rapport sexuel était de 17 ans. La plupart des femmes n’avaient pas atteint l’orgasme durant ce premier rapport.
En fait, seulement un quart des participantes ont déclaré avoir atteint un orgasme pendant la première année de leur relation sexuelle.
Pour le reste, il a fallu beaucoup plus de temps. Le fait d’avoir des relations sexuelles (même fréquentes) ne garantissait toujours pas que l’orgasme serait au rendez-vous pour tout le monde.
Le professeur Kontula a constaté qu’en 2015, seulement 6% des femmes ont déclaré avoir toujours eu un orgasme pendant les rapports sexuels péniens-vaginaux. 40% ont dit avoir presque toujours un orgasme. 16% des femmes ont eu un orgasme la moitié du temps et 38% en avaient rarement.
Au total, 14% des femmes de moins de 35 ans n’avaient jamais eu d’orgasme sexuel.
Depuis 1999, le nombre de femmes qui ont réussi à avoir un orgasme pendant les rapports sexuels a donc nettement baissé. Il est passé de 56% à 46%.
Donc, pour déterminer ce qui influence la capacité des femmes à atteindre l’orgasme et ce qui les empêche de l’atteindre, le professeur Kontula a creusé plus profondément.
Selon le professeur Kontula, “les clés pour atteindre des orgasmes féminins plus fréquents ont été identifiées dans cette étude et résidaient principalement dans l’état d’esprit et dans la relation elle-même.”
Ces facteurs et capacités, explique-t-il, comprenaient la nature personnelle de l’orgasme, le degré du désir sexuel, l’estime de soi sexuelle et la nature de la communication sexuelle au sein du couple.
L’estime de soi sexuelle incluait la façon dont les femmes se considéraient comme sexuellement habiles. Il incluait également la capacité de se concentrer sur le moment, les initiations sexuelles mutuelles et les bonnes techniques sexuelles d’un partenaire.
Osmo Kontula
Fait intéressant! 50% des femmes mariées ont déclaré qu’elles éprouvaient habituellement l’orgasme pendant les rapports sexuels. Ce pourcentage était seulement de 40% pour les femmes célibataires.
Le professeur Kontula souligne ensuite l’importance de la diversité parmi les expériences et les préférences sexuelles des femmes :
Les résultats de cette étude indiquent que les femmes diffèrent grandement les unes des autres en termes de leur tendance et leur capacité à éprouver des orgasmes.
Les raisons les plus fréquemment citées qui empêchaient les participants d’atteindre l’orgasme étaient “la fatigue et le stress” et “la difficulté à se concentrer”.
Le professeur Kontula souligne également que les femmes rationalisent de plus en plus le sexe. Cela est peut-être dû aux attentes sociales et des représentations médiatiques.
Le rationalisme excessif est le plus grand ennemi de l’orgasme. Autrement dit, la pensée enflamme le désir, mais l’orgasme arrive quand la pensée cesse.
Osmo Kontula
Cette question a été récemment étudiée dans un sondage de 926 femmes.
L’étude a révélé que lorsque les femmes avaient des pensées de type “échec sexuel” ou un “manque de pensées érotiques” pendant les rapports sexuels, cela avait un effet négatif sur leur orgasme.
D’un autre côté, les pensées érotiques sont connues pour contribuer de manière significative à l’excitation sexuelle.
Nan J. Wise, Ph.D. – du Département de Psychologie de l’Université Rutgers à Newark, New Jersey, a étudié les zones du cerveau qui répondent aux pensées érotiques.
En utilisant l’IRM fonctionnelle, elle a découvert que le fait d’imaginer la stimulation du clitoris et du mamelon contre l’autostimulation de ces zones affectait différentes zones du cerveau.
De plus, lorsque les participants ont imaginé une stimulation avec un dildo, des zones du cerveau ont été déclenchées. Ces zones se sont montrées actives dans le processus de stimulation génitale menant à l’orgasme inclusivement, explique le Dr Wise.
L’esprit est clairement un fort contributeur à l’excitation sexuelle – mais ce n’est pas le seul.
Le débat sur le rôle du clitoris dans les orgasmes féminins est toujours d’actualité.
L’idée selon laquelle l’orgasme peut être atteint par la stimulation du vagin sans aucune implication du clitoris est au centre du débat scientifique. Mais ce qui est évident, c’est que les voies biologiques et les détails anatomiques mis à part, les femmes savent comment le clitoris s’intègre dans leur expérience personnelle de l’orgasme.
Un article d’étude [5] publié en 2017 par le professeur Debby Herbenick et ses collègues du Centre pour la promotion de la santé sexuelle à l’Université de l’Indiana à Bloomington a révélé que 36,6% des femmes avaient besoin d’une stimulation clitoridienne pour atteindre l’orgasme pendant les rapports sexuels.
D’autre part, 36% des femmes ont déclaré qu’elles n’avaient pas besoin de stimulation clitoridienne, mais que cela améliorait leur expérience.
Et enfin 18,4% des femmes ont déclaré que la pénétration vaginale était suffisante.
Pr. Herbenick est allé un peu plus loin dans son étude. Il a demandé aux femmes quel type de stimulation clitoridienne elles préféraient, indépendamment du fait que c’était nécessaire pour l’orgasme ou non.
Deux tiers des femmes préféraient la stimulation clitoridienne directe. Les mouvements les plus populaires étaient de forme circulaire de haut en bas et de côté à côté.
Environ 1 femme sur 10 préfère la pression ferme. Tandis que la plupart préfèrent les caresses à la pression moyenne sur leur vulve.
Une chose est claire : il n’y a pas une réponse/définition unique à l’orgasme féminin.
La diversité des préférences sexuelles des femmes est mise en évidence dans une étude distincte du professeur Herbenick [1].
Une recherche a été menée par le Professeur Herbenick sur 1 046 participantes et 975 participants masculins aux États-Unis. Les volontaires ont reçu une liste de comportements sexuels. Ils devaient par la suite répondre s’ils les trouvaient “très attirants”, “plutôt attrayants”, “peu attrayants” ou “non attrayants”.
Les 10 principaux comportements que les femmes ont trouvés très attirants étaient :
Mais il est important de comprendre qu’il n’y avait aucune catégorie que les femmes ne trouvaient pas attrayante.
Par exemple, bien que l’étude ait trouvé que la majorité des femmes ne trouvaient pas très attrayant de regarder des vidéos sexuellement érotiques ou des DVD, 11,4% des participantes à l’étude pensaient le contraire.
Il n’y a pas eu de différences majeures dans la façon dont les deux sexes ont évalué la plupart des catégories. Mais certains comportements étaient clairement plus favorisés par les hommes que par les femmes.
Par exemple, les hommes ont trouvé les comportements sexuels anaux (y compris le sexe anal, les jouets anaux et le doigté anal) plus attirants que les femmes.
La même chose était vraie pour le sexe oral (donner et recevoir), regarder un partenaire se déshabiller, et regarder un partenaire se masturber.
Alors, quelle est la sauce secrète pour concilier les différences d’intérêt que les partenaires sexuels peuvent avoir?
Cela peut sembler être une solution évidente. Mais en examinant la recherche sur le comportement sexuel et la satisfaction sexuelle, la question de la communication surgit à maintes reprises.
Qu’il s’agisse de désirs sexuels, de préférence ou de problèmes, ceux qui savent (et osent) parler ouvertement avec leur partenaire rapportent avoir plus d’orgasmes. Ils sont aussi moins susceptibles d’avoir une pulsion sexuelle faible.
Le sexe est fortement lié au bonheur.
Être à l’aise avec ses propres préférences sexuelles personnelles et avoir un partenaire qui les partage et les valorise sont les ingrédients clés de toute recette de la satisfaction sexuelle réciproque et partagée.