Une source fiable sur de nombreux sujets.
De nos jours, l’obésité est perçue comme une épidémie mondiale que les organisations mondiales de santé ont du mal à contenir. Ce phénomène maladif est étroitement lié au développement économique qui crée un contexte parfait pour la “prolifération” des habitudes alimentaires préjudiciables telles que la frénésie alimentaire.
Pour mieux comprendre comment les environnements dits obésogènes peuvent mener à la frénésie alimentaire et promouvoir l’obésité, Mara Dierssen, du Centre de Régulation Génomique, et Rafael Maldonado, de l’Université Pompeu Fabra – situés tous les deux à Barcelone, Espagne – ont décidé de simuler un environnement identique en laboratoire.
Les environnements obésogènes sont définis par les chercheurs comme ” l’ensemble des influences que l’environnement ou les conditions de vie ont sur la promotion de l’obésité chez les individus ou les populations“.
Les résultats de cet essai ont été publiés en tant que deux articles complémentaires dans la revue Addiction Biology [1].
Dierssen et Maldonado, avec le concours de leurs collègues respectifs, ont créé un environnement obésogène pour les rongeurs en leur offrant différentes options d’alimentation.
Les animaux ont reçu de la nourriture régulière, c’est-à-dire le genre de nourriture qu’ils devraient normalement manger dans le cadre d’un régime équilibré.
Les chercheurs y ont ajouté un mélange de morceaux de chocolat provenant d’une gamme de barres de chocolat disponibles dans le commerce. Ils ont également ajouté l’option d’un aliment riche en graisse.
Fait intéressant, une fois que les chercheurs ont offert aux rongeurs une alternative d’alimentation abondante mais malsaine, il n’a pas fallu beaucoup de temps aux souris pour commencer à manger excessivement, d’afficher des comportements addictifs et donc de prendre un poids excessif.
Dans un cas révélateur, les chercheurs ont donné aux animaux l’accès au chocolat pendant seulement 1 heure par jour.
Cette limitation dans le temps a poussé les souris à se gaver d’une manière compulsive avec le mélange sucré. En effet, les souris ont consommé en 1 heure seulement, l’équivalent de ce qu’elles devraient normalement manger en une journée entière.
Et à l’instar des personnes présentant des signes de dépendance ou de frénésie alimentaire, les souris ont préféré attendre que le chocolat leur soit donné plutôt que de manger la nourriture régulière qui leur était constamment disponible, malgré que le chocolat ne leur offrît pas les nutriments dont ils avaient besoin et ne permettait pas de diminuer efficacement leur sensation de faim.
De plus, les souris qui mangeaient du chocolat ou un régime riche en graisses ont commencé à présenter un changement distinct dans leur routine d’alimentation quotidienne.
Un autre fait intéressant!
D’habitude, les souris préfèrent normalement manger la nuit, or ces rongeurs ont commencé à manger préférentiellement pendant la journée. Ils ont également choisi des modes d’alimentation fréquents, c’est-à-dire sous forme de collation, plutôt que des repas réguliers, mais plus copieux et moins fréquents.
Les chercheurs ont noté que les personnes en surpoids qui tentent de perdre des kilos en suivant un régime ou des habitudes alimentaires plus saines, ont généralement tendance à rechuter après avoir participé à des programmes ou des initiatives de perte de poids.
Ce schéma est un obstacle majeur lorsqu’il s’agit de maintenir des comportements alimentaires sains.
Suite aux résultats de leurs expériences, Dierssen et Maldonado suggèrent que la cause principale de ces rechutes pourrait être expliquée par le fait que les environnements obésogènes altèrent le contrôle qu’ont ces personnes sur leurs habitudes alimentaires.
Par conséquent, elles peuvent facilement tomber dans un cercle vicieux où un choix malsain mène à un autre, et ainsi de suite.
“Nos résultats ont révélé que l’exposition à long terme aux régimes hypercaloriques altère la capacité de contrôler le comportement alimentaire, ce qui mène à des effets négatifs sur les processus cognitifs responsables du contrôle rationnel de l’apport alimentaire.”, explique Maldonado
Dierssen note également que certaines maladies métaboliques ne sont pas seulement le résultat de facteurs biologiques, mais peuvent aussi être causées par des comportements alimentaires incontrôlés, et c’est là que les professionnels de la santé devraient intervenir.
« L’obésité n’est pas seulement une maladie métabolique – c’est un problème de comportement. On dit généralement aux gens qui sont en surpoids ou obèses de manger moins et de bouger plus, mais c’est trop simpliste.
Nous devons examiner l’ensemble du processus : en comprenant les comportements qui conduisent à l’obésité et en repérant précocement les signes révélateurs, nous pourrions trouver des thérapies ou des traitements pour prévenir le surpoids“.
La prochaine étape des recherches de Dierssen et Maldonado sera de mener de nouvelles recherches sur les comportements de dépendance, tant chez les animaux que chez les humains qui ont tendance à trop manger.
“Il est très difficile de perdre du poids avec succès, et beaucoup de gens finissent piégés dans un cycle de régimes yo-yo”, souligne Dierssen.
“Ces études révèlent les principaux changements comportementaux et cognitifs favorisés par l’apport alimentaire hypercalorique, ce qui pourrait être crucial pour le gain de poids répété et les difficultés d’un contrôle alimentaire approprié”, conclut Maldonado.